samedi 13 septembre 2008

Lune de miel

Par Barbara D

« Où sommes nous ? » souffla-t-elle.
Je n’avais pas besoin de la regarder pour savoir que ses yeux brillaient. Non pas du reflet de la lune en cette nuit étoilée, mais d’émerveillement. Comme un enfant qui voit la mer pour la première fois.
Evidemment, je l’avais prévu. Le lieu de notre voyage de noces n’avait pas été choisi au hasard.
J’avais appris à connaître Bella, à comprendre ses regards, ses soupirs, ses sourires,… tout ce qui autrefois me troublait tant.
Aujourd’hui je pouvais affirmer qu’elle était heureuse et qu cette île lui offrirait de merveilleux souvenirs. Mais comme toujours, Bella restait surprenante et fascinante… Je ne m’en lacerais jamais.
C’est en pensant au bonheur qu’elle devait ressentir, sans pour autant en mesurer l’ampleur, que je prenais conscience du mien. Et c’est avec un sourire béat que je lui révélais alors notre destination.
« Sur l’Île d’Esmé. »
Amarrant le bateau au ponton de l’île, j’écoutais Bella.
Son cœur battre régulièrement et calmement, gravant son rythme si particulier dans ma mémoire. Si mon cœur avait encore pu battre, il se serait aligné sur les battements du sien pour ne faire plus qu’un avec lui. Mais aussi son souffle, douce brise chaude au parfum envoûtant.
Ce n’est que lorsqu’elle le rompit par un murmure que je me rendis compte que le silence s’était installé.
« L’Île d’Esmé ? » répéta-t-elle tournant vers moi son regard si profond, je me noyais alors dans le chocolat de ses yeux.
« Carlisle l’a offerte à Esmé, qui a proposé de me la prêter. » Après que j’en ai fait la suggestion à Alice.
Ayant déposé ses valises dans le sable, je me tournais vers ma femme -un mot qui en moi réveillait des centaines d’émotions. Je la pris délicatement dans mes bras tachant d’insuffler le plus de tendresse dans mes gestes.
« N’es-tu pas censé attendre de franchir le seuil pour ça ? » s’écria-t-elle surprise, mais le bras qu’elle passa autour de mon cou trahissait la joie que lui procurait cette simple étreinte.
« Tu sais à quel point je suis consciencieux, » lui répondis-je aux anges.
Malgré l’air chaud autour de nous, la tiédeur de sa peau traversait nos vêtements et venait enflammer un peu plus le brasier de désir qui me consumait.
Prenant nos bagages, je parcourais la distance qui séparait la plage de la maison. Des lumières brillaient déjà à l’intérieur, véritables invitations à les rejoindre.
Pourtant, je savais que Bella ne pouvait les voir. J’attendis qu’elle les vît, pariant sur la réaction que cette vision aurait sur son rythme cardiaque. Enfin, je sentis son pouls s’accélérer, son cœur battre plus vite, je sus alors qu’elle apercevait la maison. Encore une fois j’avais su deviner correctement.
Mais son souffle ne s’apaisa pas et je me demandais alors ce qu’elle pouvait bien penser. Ainsi, j’essayais de croiser son regard dans la nuit noire de l’île afin de lire les réponses à mes questions dans ses yeux. Mais à peine avais-je posé les yeux sur elle, que je compris pourquoi son cœur battait la chamade.
Mes propres émotions répondirent à mes interrogations. Dans quelques instants nous entrerions dans cette maison qui serait la notre durant toute cette lune de miel. Que se passerait-il alors ? Oserais-je enfin accéder à sa requête et faire d’elle un monstre ? Ou pire, oserai-je céder à ses suppliques et commettre l’irréparable ? Si mon cœur avait pu, il se serait emballé, battant aussi vite que mon esprit réfléchissait.
Au franchir la porte de la villa, ayant déposé nos bagages, je fixais à nouveau ma bien aimée.
Elle ne tourna les yeux vers moi qu’après quelques secondes qui me parurent interminables même à moi, celui qui l’avait cherché sans le savoir pendant presque un siècle.
Son regard dans le mien, je franchis le seuil. Portant toujours mon aimée serrée contre moi, je traversais la maison d’Esmé.
Elle détaillait la maison avec intérêt. Moi, je n’avais d’yeux que pour elle. Arrivant dans la chambre, j’allumais la lumière et déposais ma belle au sol. Mon esprit encore profondément retourné par les émotions qui l’assaillaient, je bafouillait une excuse et retournais chercher nos affaires.
Je profitais de ce moment de solitude pour reprendre mes esprits.
Ce jour était tout ce dont j’avais rêvé depuis que j’avais posé ma condition à la transformation de Bella. Pourtant aujourd’hui je n’étais plus sûr de rien. Posant silencieusement les bagages au sol, je m’avançais dans la chambre. Elle était là, radieuse, qui contemplait la pièce. Si belle. C’est alors que je vis une délicate perle d’eau glisser doucement le long de sa nuque. D’un doigt léger, je l’essuyais.
J’entendis son pouls accélérer : elle ne devait pas s’être rendue compte de ma présence.
« Il fait un peu chaud, » m’excusai-je. « Je pensais que ça… serait mieux. » Mais j’étais un vampire et elle une humaine, la température n’avait aucun effet sur moi, ça n’était pas son cas.
« Consciencieux », répondit-elle alors d’une voix douce, pleine de tendresse.
Un petit rire nerveux m’échappa alors sans que je puisse le retenir.
« J’ai essayé de prévoir tout ce qui rendrait ceci… plus facile », avouais-je alors regrettant déjà l’erreur de la température.
Si j’avais osé en rêver, jamais je n’avais pu m’imaginer ce que serait cette nuit. Aucun parmi les milliers de livres que j’avais lu ne décrivait la nuit de noce d’un vampire et d’une humaine. Ni même une histoire d’un vampire tombant amoureux d’une humaine. Ça ne s’était jamais vu…. Peut être un jour, qui sait.
Alors je me lançais.
Si personne n’avait encore écrit l’histoire d’un vampire et d’une humaine alors c’était à nous de l’écrire, et je savais parfaitement comment je voulais qu’elle commence.
« Je me demandais, si… d’abord… tu aimerais partager un bain de minuit avec moi ? »
Je ne m’étais jamais senti aussi vulnérable qu’à cet instant, aussi humain. Je lui ouvrais mon cœur et elle pouvait aisément refuser d’y entrer. Cependant, même si j’étais incapable de lire ses pensées, j’avais appris à lire dans son cœur, et ce que j’y dévorais me donnait tant de force que plus rien ne m’effrayait.
Elle était mienne, elle m’avait dit oui à moi.
Elle avait surmonté sa répulsion pour le mariage parce qu’après tout, qu’importait l’anneau autour de son doigt, du moment qu’elle et moi étions ensemble. Et puis cette même alliance qu’elle avait tant redoutée, ne lui assurait-elle pas que moi aussi je lui appartenais corps et âme ? Nous le savions tous les deux, ces anneaux n’étaient qu’une façon de dire au monde ce que nous lisions chacun dans les yeux de l’autre.
Cette pensée m’allégea profondément et c’est donc avec beaucoup plus d’aisance que je pus reprendre la parole.
« L’eau sera bonne. La plage est de celles que tu apprécies. » Le sable doux comme ta peau et l’eau aussi tiède que ta joue…
« Ç’a l’air sympa », répondit-elle crispée. Je sus alors qu’elle était tout aussi anxieuse que moi et que tout avait également été un peu trop vite pour elle. Je décidais de la mettre à l’aise et lui accordais un moment pour elle.
« Tu as sans doute envie de quelques minutes humaines… le voyage a été long. »
Cette proposition lui tira une grimace mais, m’est avis qu’elle ne l’avait pas prévu.
Cette vision m’arracha un sourire alors que j’embrassais délicatement sa gorge. Je sentais son pouls sous mes lèvres, la chaleur de son sang à quelques millimètres de ma bouche, la douceur de sa peau si fine. Je sentais la soif monter en moi, mais ce n’était pas la soif de son sang.
C’est à ce moment la que mon esprit se libera des chaînes qu’il s’était imposé.
J’oserais.
Je nous mettrais en danger tous les deux parce qu’elle en avait envie mais aussi parce que je ne pouvais plus lui résister plus longtemps. Cette divine tentatrice qui s’inquiétait bien moins que moi de ce qui pourrait lui arriver. Elle le voulait. Je le voulais. Encore une fois nous étions pareils.
J’oserais.
« Ne soyez pas trop longue, madame Cullen », lui chuchotais-je, riant de la joie que me procurait cette libération.
Comme je m’y étais attendu, elle fut surprise à l’évocation du nouveau nom qu’elle avait accepté de prendre par amour pour moi.
« Je t’attends dans l’eau » lui murmurais-je tout en laissant mes lèvres dévaler sa gorge jusqu'à son épaule.
Je traversais la pièce, sentant son regard sur moi. Avant d’avoir passé la porte fenêtre, je décidais que je devais faire le premier pas et laissais tomber ma chemise.
Alors que je marchais sur la plage en direction d’un endroit où poser mes vêtements, je repensais à tout ce que j’avais traversé depuis ma renaissance.
J’avais pris celle-ci non pas comme une chance mais plutôt comme une malédiction. La souffrance de la transformation, la douleur dans ma gorge, la crainte d’être exposé au soleil et que mon secret ne soit dévoilé,… tout ça ne faisait que rajouter à l’horreur de cette situation.
J’entrais dans l’eau. Elle était chaude.
Mais le pire que j’avais traversé c’était de voir Carlisle et Esmé, puis Rosalie et Emmett et enfin Alice et Jasper obtenir leur « récompense », sous la forme d’un amour inconditionnel et éternel.
J’étais, techniquement, plus âgé qu’eux tous, Carlisle exclu. Pourtant, je n’avais obtenu aucune récompense. Peut être que je n’en mérite tout simplement pas, avais-je alors pensé. Et j’avais vécu avec, ou plutôt sans.
J’avais essayé de trouver du réconfort dans la musique et j’avais réussi. Mon existence me convenait ainsi, elle n’était cependant toujours pas une chance à mes yeux.
Puis elle est arrivée, nouvel obstacle à franchir dans ma vie déjà pleine de difficultés. C’était ainsi qu’elle m’était apparue. Elle était la pire punition qui m’ait été infligée.
J’étais bien et elle venait troubler ma quiétude. Avec son parfum si envoûtant, elle venait faire de moi le monstre que j’avais combattu toutes ces années.
Mais c’était là que je me trompais.
C’est à ce moment là que je me suis rendu compte que j’étais aveugle, bien plus aveugle qu’aucun homme.
Je l’avais prise pour une punition, mais elle était en fait la récompense que je n’espérais plus. Elle était plus que je n’aurais pu demander. Belle, drôle, attirante, intelligente et si fascinante. Elle était différente de toutes ces filles.
Bien plus, je ne pouvais lire dans ses pensées et son odeur était devenue ma drogue. Elle était devenue ma drogue.
Elle était ma récompense pour je ne sais quelle bonne action. Elle était mienne.
J’avais obtenu plus que personne. Plus que Carlisle, plus qu’Esmé, Alice ou Rosalie. Je le savais, j’en étais certain. J’avais été le témoin de leurs sentiments et de leurs émotions, mais aujourd’hui les miennes étaient bien plus puissantes. J’avais eu plus.
J’entendis ses pas légers dans le sable. Je l’écoutais mais ne bougeais pas. Je perçus le bruit de ses vêtements qu’elle déposait à coté des miens et le sable rouler sous ses pieds tandis qu’elle avançait vers l’eau. Elle se glissa dans la mer sans bruit et avança vers moi.
« Magnifique », dit-elle en regardant la Lune.
Magnifique c’était peu dire. Radieuse, sublime, douce, brillante,… magnifique n’était pas un mot suffisamment puissant. Elle était plus que ça... Mais elle n’était pas la Lune.
« Pas mal », répondis-je, il n’y avait aucune comparaison possible entre l’élue de mon cœur et la Lune de cette nuit là. La Lune s’effaçait devant sa beauté.
Je me tournais vers elle pour la contempler sous la lumière argentée. Sa peau était pale, presque autant que la mienne et contrastait avec la noirceur des ses cheveux et de ses yeux profonds. Elle était divine. Elle était mienne.
« Je n’emploierais pas le mot magnifique, pas quand tu es là, à soutenir la comparaison. »
Elle sourit légèrement et souleva sa main qui n’était pas dans la mienne pour la poser sur mon cœur silencieux. Ce contact me fit l’effet d’une décharge électrique.
Je sentis mon estomac se nouer alors que je réalisais. Qu’étais-je en train de faire ? Elle était l’amour de ma vie et j’allais risquer sa vie pour mon plaisir personnel ? Je ne pouvais pas lui faire ça…
Mais dans son regard je lisais confiance et sérénité. C’est ce qu’elle voulait. Je l’avais promis. Elle avait tenu sa part du marché, c’était mon tour.
« J’ai promis d’essayer », murmurai-je. « Si… si je fais quelque chose de mal, si je te blesse, tu dois aussitôt m’avertir. »
Cette phrase me glaça sur place : pouvais-je être celui qui lui ferait du mal ?
Elle opina l’air grave et s’approcha un peu plus de moi. Appuyant sa tête contre mon torse, elle chuchota :
« N’aie pas peur. Nous sommes fait l’un pour l’autre. »
Ses mots me frappèrent en plein cœur, faisant fuir toute crainte et toute anxiété. Nous étions tous les deux dans ce lieu magique et nous étions fait l’un pour l’autre.
Je la serrai alors contre moi.
« A jamais », ajoutais-je avant de l’entraîner avec moi dans l’eau.


Le soleil était haut dans le ciel lorsque Bella se réveilla. Il colorait sa peau d’un hale doré absolument divin et réchauffait la mienne, sans pour autant réussir à égaler la chaleur de Bella.
Il m’était extrêmement difficile de regarder son corps meurtri mais c’était mon châtiment et je devais l’accepter.
Du bout des doigts je caressais sa peau marbrée, chaque trace comme un poignard planté dans mon corps.
Comment avais-je pu lui faire ça ? Comment avais-je osé accéder à sa requête ? Comment avais-je pu lui infliger ça ? Chaque centimètre de sa peau se teintait d’un bleu violacé, les hématomes concordant parfaitement avec mes mains.
Chaque bleu était la marque du monstre qui avait fait surface cette nuit et lui avait fait du mal. Le monstre en moi.
Elle resserra son étreinte et cala sa tête sur mon torse. Ce simple mouvement me donna la nausée.
Comment pouvait-elle encore vouloir être près de moi après ce que je lui avait infligé durant cette terrible nuit ? Comment avais-je pu prendre autant de plaisir alors que je lui faisais du mal ?
Mais elle n’avait pas bronché. Elle avait juste demandé que je la serre plus fort et moi, fou, j’avais obéi !
J’étais capable de briser un arbre en deux, quelle folie m’avait atteint lorsque j’avais accepté ? Comment avais-je pu laisser ce monstre que j’avais combattu pendant tant de temps s’exprimer au cours de la nuit qui aurait du être la plus belle de notre existence ? Elle l’était pour moi, mais sûrement pas pour Bella.
Soudain, elle rigola.
Comment pouvait-elle rire ? Qu’y avait-il de comique dans la centaine de bleus que je lui avait infligée ?
« Qu’y a-t-il de drôle ? » lui demandai-je alors dans un souffle. La raison de ce rire m’échappait et je n’arrivais absolument pas à en définir l’origine.
Ses joues s’ornèrent de rose, comme pour souligner la différence avec la couleur qui couvrait son corps.
Je ne cessais de parcourir son corps de la main, m’infligeant à moi-même une atroce souffrance qui devait cependant n’être rien comparée à la sienne.
Son ventre gargouilla et elle se pouffa à nouveau. Chacun de ses rires m’était un coup porté en pleine figure. Comme si le monstre en moi jubilait sa victoire.
« On n’échappe pas longtemps à sa condition humaine », répondit-elle simplement.
La légèreté de son ton m’était insupportable.
Comment pouvait-elle encore me regarder, m’adresser la parole ? À moi, le monstre qui lui avait fait du mal ? Détachant mon regard de son corps moiré par tant d’hématomes, je fixais le baldaquin au dessus de nos têtes, me maudissant de lui avoir fait subir cela.
Elle ouvrit les yeux doucement, puis ce redressa sur le coude, mettant en mouvement les lésions de ses bras.
Elle était inquiète, mais très vite l’inquiétude lisible sur son visage se métamorphosa en une expression de panique.
« Edward, que se passe-t-il ? » demanda-t-elle d’une voix rauque.
Comment pouvait-elle poser la question ? Tentait-elle de me faire culpabiliser encore plus ? C’était impossible.
Essayait-elle de faire de l’humour ? Le moment était très mal choisi.
« Parce que tu as besoin de poser la question ? » Mon ton était dur, froid. Comme le sien aurait du l’être.
Dans ses yeux je pus lire de nombreuses émotions et chacune d’entre elles fut un nouveau coup porté à mon cœur : de la surprise, de l’inquiétude, de la perplexité et enfin de la déception. Comme chaque fois où elle était troublée, ces magnifiques petits plis se dessinèrent sur son front, entre ses sourcils. Les mêmes petites rides qui dès notre première rencontre avaient emprisonné mon cœur. Elle était si importante pour moi, comment avais-je pu lui faire du mal ?
« A quoi songes-tu ? » lui demandais-je d’une voix que je voulais plus douce malgré toute la haine que j’éprouvais contre moi-même.
« Tu as l’air bouleversé », murmura-t-elle. « Je ne comprends pas. Ai-je… »
C’était tout elle !
J’étais le monstre qui lui avait infligé ces souffrances et avait imprimé de ses mains l’empreinte de ces douleurs et elle trouvait tout de même le moyen de rejeter la faute sur elle !
Cette horrible manie de toujours vouloir m’innocenter me faisait me sentir encore plus misérable. C’était sa façon à elle de me dire qu’elle m’aimait quand même, même si j’étais un monstre.
La colère que m’inspira cette pensée dû se lire sur mon visage car elle s’arrêta en plein milieu de sa phrase. J’en profitais pour poser la question qui me brûlait les lèvres, celle qui m’acheverait par la réponse que Bella allait lui donner.
« As-tu très mal, Bella ? Épargne-moi les mensonges, je t’en prie. »
« Mal ? » répéta-t-elle sur un ton si surpris que sa voix monta d’un octave.
Pourquoi me ménageait-elle ainsi ? Elle savait pourtant que la vérité me serait bien plus utile que ces stupides mensonges qu’un simple regard sur son visage tuméfié ou sur ses bras bleuis par endroits suffisait à démentir.
Je sentis mon visage se crisper malgré moi dans une expression qui devait allier agacement, colère et honte.
Elle s’étira rapidement mais aucune trace de souffrance ne se dessina sur son visage. Elle avait dû vraiment s’entraîner à cacher ses émotions.
Cela ne m’arrangeait pas du tout, j’étais déjà incapable de lire dans son esprit, son visage était ma seule fenêtre sur ses pensées, et voila qu’elle me le fermait. Pourquoi cette volonté de m’épargner une peine pourtant bien méritée ?
« Pourquoi sautes-tu à la conclusion que j’ai mal quelque part ? » lança-t-elle l’air quelques peu en colère. « Je ne me suis jamais sentie aussi bien que maintenant. »
Elle désirait vraiment ma mort ! Mais on ne tuait pas un vampire de cette manière, c’était encore pire ! Elle me torturait !
« Arrête ! » m’exclamais-je avant qu’elle ne me fasse l’éloge de la couleur bleu de ses bras qui allait parfaitement avec son teint !
« Mais arrêter quoi ? » se fâcha-t-elle.
« De te comporter comme si je n’étais pas le monstre qui avait accepté de t’infliger ça », lâchais-je enfin.
Le penser était déjà très douloureux mais l’entendre prononcer l’était encore plus même si j’étais celui qui l’exprimait à voix haute.
« Edward ! » cria-t-elle à présent réellement bouleversée. « Ne redis jamais ça ! »
Je fermais les yeux afin de contrôler ma rage.
Je voulais qu’elle le voie ! Qu’elle voit ce que je lui avais fait. Elle ne semblait pas réaliser à quel point la bête en moi l’avait blessée.
« Regarde toi, Bella. Et en suite, ose me dire que je ne suis pas un monstre. »
L’air choqué et blessé, elle obéit et baissa enfin les yeux sur son corps estropié.
Elle ouvrit la bouche en grand sous le coup de l’étonnement et secoua la tête d’où une pluie de plumes blanches tomba légèrement sur le lit. Je la regardais toujours à travers les plumes, guettant le moment où elle comprendrait enfin.
« Pourquoi suis-je couverte de plumes ? » s’exclama-t-elle.
« J’ai mordu un oreiller », lui répondis-je en un soupir. Pourquoi s’acharne-t-elle à ne pas vouloir voir l’objet du litige ? « Ou peut être deux. Mais je ne parle pas de cela », ajoutais-je, cette discussion commençait à me rendre dingue !
« Tu… as mordu un oreiller ? » répéta-t-elle incrédule. « Pourquoi ? »
Je n’en pouvais plus de la voir se défiler devant la vérité ! Je me sentais bouillir et je savais que je ne tiendrais pas bien longtemps encore.
« Regarde Bella ! » m’emportais-je. « Regarde ! »
Je lui pris le bras et le brandis devant son nez, elle ne pourrait plus fuir la vérité bien longtemps !
Elle observa ses bleus un bon moment, remontant jusqu'à ses côtes, palpant une énorme tache violacée sur son bras. Elle ne semblait pas comprendre ce qui lui était arrivé. C’est donc avec le plus grand calme que je pouvais fournir et beaucoup de douceur que je posais ma main sur son bras et étendais les doigts sur ces affreuses marques. Elles concordaient parfaitement et ça, elle venait de le découvrir.
« Oh ! », souffla-t-elle l’air vraiment étonné.
Elle observait toujours son bras.
La honte, le dégoût et la détresse montaient en moi. Je me sentais si misérable.
Combien aurais-je donné pour que ces marques disparaissent ainsi que la douleur qu’elle devait éprouvait. J’aurais aimé qu’elle crie, qu’elle pleure, qu’elle me frappe, elle me dise que c’en était trop. Je le méritais. Mais je ne méritais pas son silence. Je ne méritais pas le mépris qu’il signifiait. C’était bien pire que de devoir l’observer, assumer mes actes n’était rien comparé à ses yeux toujours détournés de moi. Qu’avais-je fait ? C’était encore pire que je n’aurais pu l’imaginer.
« Je… je suis tellement désolé, Bella », soufflais-je. Elle devait savoir à quel point je me haïssais pour ce que je lui avais fait endurer. « J’aurais dû m’en douter. Je n’aurais pas… » Mais les mots que je cherchais pour exprimer cela n’existaient pas et la seule traduction que je leur trouvais fut un grognement sourd, empli de désespoir. « Je suis si navré que je n’ai pas les mots pour l’exprimer. »
Plein de honte, me haïssant comme jamais je n’avais haïe quelqu’un, je me cachais le visage dans mon bras.
J’avais autrefois effectué ce geste pour cacher le monstre en moi. Aujourd’hui, il s’était montré au grand jour et je tentais maintenant de dissimuler mon visage pour ne pas quel voie à quel point ce monstre avait pris possession de moi la nuit dernière.
Je ne désirais pas qu’elle me voie, et je ne voulais pas la voir non plus. Le mépris dans son regard était la pire sanction. Je savais sans le voir que son regard me fusillait. Son silence était une nouvelle condamnation à mort.
Enfin elle effleura mon bras, mais j’étais encore incapable de supporter son regard. Elle attrapa mon poignet et tenta de l’éloigner de visage mais j’étais plus fort qu’elle, je ne voulais, ne pouvais pas bouger. Elle reposa sa main et tenta une nouvelle approche.
« Edward. »
Je ne répondis pas. Ça m’était trop douloureux.
« Edward ? »
Cette fois-ci, elle avait prononcé mon prénom comme une supplique et j’avais failli céder. Mais j’avais déjà suffisamment cédé ces dernières 24 heures.
« Moi, je ne suis pas désolée, Edward. »
Pardon ?
« Je suis… je n’arrive même pas comment le formuler », dit-elle, mais dans sa voix, je ne décelais aucune rancœur, ni même de mépris. « Je suis tellement comblée ! »
Mais c’est une blague ? Elle veut ma mort ?
« Et encore, le mot est faible », ajouta-t-elle. J’avais craint son mépris, sa rage, sa déception mais pas… ça ! C’était pire que tout. Elle savait ce que j’avais fait, elle l’avait vu, elle l’avait compris et elle… n’était pas désolée ?
« Ne sois pas fâché. Vraiment », continua-t-elle. « Je vais… » Mais c’en était déjà trop. Je ne pouvais pas l’entendre me dire qu’elle allait bien. Me prenait-elle tant que ça pour un idiot ?
« Stop ! » lâchais-je d’une voix glaciale. « Je ne veux pas t’entendre me dire que tu vas bien. Si tu tiens à ma raison, ne dis pas ça. »
« Mais c’est vrai ! » répliqua-t-elle instantanément.
« Je t’en supplie, Bella. » Il n’y avait plus de colère dans ma voix, juste une prière.
« Non, Edward », s’acharna-t-elle. « Moi, je t’en supplie. »
Comment pouvait-elle me supplier de croire qu’elle ne souffrait pas ? J’avais du manquer quelque chose, comme elle avait découvert d’un air ahuri ces affreuses marques bleues.
Lentement, je relevais la tête de mon bras et plongeais précautionneusement dans ses yeux profonds. Je voulais m’y noyer et ne plus jamais remonter à la surface.
« Ne me gâche pas ça », ajouta-t-elle. « Je. Suis. Heureuse. »
« J’ai déjà tout gâché. »
« Tais-toi ! » s’énerva-t-elle. Son ton avait été froid et dur. Celui que j’utilisais pour l’empêcher de dire des sottises. Elle n’avais jamais employé cette intonation pour me parler et cela me fit grincer les dents.
« Bon Dieu ! » jura-t-elle. « Pourquoi ne peux-tu pas lire dans mes pensées ? Ce mutisme mental est un sacré inconvénient ! »
Que venait-elle de dire ? Elle qui avait toujours joui de ce silence qui me rendait fou. Aujourd’hui elle voulait que j’aie la capacité de l’entendre.
« C’est nouveau ça. Tu as toujours adoré que je ne sois pas en mesure de deviner tes pensées », lâchais-je incrédule.
« Pas aujourd’hui », répondit-elle simplement. Elle devait vraiment avoir une bonne raison de vouloir cela maintenant.
« Pourquoi ? » demandais-je dubitatif.
L’air profondément agacé, elle abattit ses deux mains avec force sur mon torse.
« Parce que ton angoisse serait inutile si tu pouvais voir ce que j’éprouve en ce moment », dit-elle. « Enfin, il y a cinq minutes », ajouta-t-elle en soupirant. « J’étais parfaitement comblée, au nirvana. À présent, je suis… furax, en fait. »
C’était enfin une émotion appropriée à la situation.
« Tu as raison d’être en colère après moi. »
« Je le suis, tu es content ? » me répondit-elle l’air réellement fâché.
Mais je détestais la savoir malheureuse et il m’était insupportable de savoir que c’était ma faute.
« Non », soupirais-je. « Je crois que rien ne pourra me satisfaire, aujourd’hui. »
« Voilà ce qui me rend furieuse », s’égosilla-t-elle. « Tu me gâtes mon plaisir, Edward. »
Son plaisir. C’était un comble. Elle était couverte de bleus et ça lui faisait plaisir !
Elle inspira profondément.
« Nous savions que cela serait risqué », continua-t-elle sur un ton beaucoup plus doux. « Je croyais que c’était entendu. Par ailleurs… eh bien, ç’a été bien plus facile que ce que je prévoyais. » Un léger sourire se dessinait au coin de ses lèvres roses. « Et ces bleus sont des broutilles », poursuivit-elle. « A mon avis, pour une première, nous nous sommes débrouillé comme des chefs, alors que nous allions vers l’inconnu. » Son sourire s’était élargi. Moi si j’avais pu, j’aurais pali à l’extrême. « Avec un peu d’entraînement », continua-t-elle,… mais elle s’interrompit et je sus que j’avais réellement blêmi malgré mon teint déjà livide par nature. Comment avait-elle pu envisager que cela se passerait ainsi et me laisser faire ? Elle se doutait de ce qui pourrait arriver mais m’avait tout de même poussé à l’acte. Venait-elle de dire que nous pourrions recommencer ? je l’avais blessée une fois mais je ne referais jamais deux fois la même erreur.
« Franchement, Bella », lui demandais-je, « tu avais deviné cela ? Que je te ferais du mal ? Avais-tu envisagé pire ? Considères-tu la chose comme un succès parce que tu es encore capable de marcher ? » m’emportais-je. « Pas d’os brisés, donc c’est une victoire ? » Je n’avais pas su contenir ma rage plus longtemps et elle avait explosé à ces mots. Elle me laissa me reprendre et recommença d’une voix calme et lente.
« J’ignorais à quoi m’attendre. La seule chose certaine c’est que je ne m’attendais pas à ce que ça soit aussi… merveilleux… parfait », ajouta-t-elle en rougissant comme une pivoine. « Enfin, je ne sais pas comment ç’a été pour toi, mais moi, j’ai trouvé ça génial. » Elle ne me regardait plus. Ses yeux étaient fixés sur la tête du lit qu’elle regardait sans la voir, ses joues toujours aussi rouges.
Tout à coup, pris de remords, je tournais vers moi son si beau visage.
« Tu t’inquiètes donc de cela ? » la questionnais-je. Je n’avais même pas envisagé de remettre cette partie là de l’affaire en question. « De mon absence de plaisir ? »
Sa question implicite était des plus grotesque, mais n’avais-je pas moi-même supposé qu’elle n’y avait pris aucun plaisir ? Elle ne me regardais toujours pas et gardait les yeux braqués sur le lit.
« J’ai conscience que de n’est pas pareil », dit-elle timidement. « Tu n’es pas humain. J’essayais juste de t’expliquer que, en tant qu’humaine, je n’imagine rien d’aussi bon. » Le rouge n’avait pas quitté ses joues et continuait à s’étaler sur son visage.
Combien aurais-je donné pour qu’à cet instant, elle aussi puisse lire mes pensées et voir à quel point la rage que j’éprouvais était nuancée par le bonheur et le plaisir que m’avait procuré cette nuit dans ses bras. Comment pouvait-elle douter de cela.
J’attendis qu’elle se décide enfin à me regarder, ce qu’elle fit au bout de quelques secondes de silence. Après avoir plongé dans mon regard, ses traits se détendirent. Toute la tendresse qu’elle y avait lue l’avait rassérénée.
« J’ai l’impression que j’ai d’autres excuses à te présenter », lui dis-je avec douceur. « Je n’aurais pas imaginé que tu puisses interpréter mon bouleversement après ce que je t’ai infligé hier comme… eh bien, comme si ça n’avait pas été la meilleure nuit de ma vie. Mais je m’interdis de l’envisager ainsi, pas quand tu… » Mais elle ne me laissa pas terminer ma phrase.
« C’est vrai ? » s’enquit-elle. « La meilleure ? »
« Après que toi et moi avons conclu notre accord », répondis-je, « j’ai discuté avec Carlisle, dans l’espoir qu’il saurait m’aider. Naturellement, il m’a prévenu que cela risquait d’être très dangereux pour toi. » Et il avait raison, pensais-je. « Mais il a eu foi en moi… une foi imméritée. » A peine avais-je prononcé cette phrase qu’elle ouvrit la bouche pour protester. Mais je la connaissais et avais anticipé. Déposant délicatement un doigt sur ses lèvres, je continuais. « Je lui ai également demandé ce que j’allais ressentir… parce que je suis un vampire. » Le sourire amusé de Carlisle me revint en mémoire et je le sentis s’imprimer légèrement sur mon visage déjà un peu plus serein. « Il m’a répondu que c’était une sensation très puissante, qui ne ressemblait à rien. Pour lui, l’amour physique n’est pas une chose à prendre à la légère. Vu nos tempéraments changeants, les émotions violentes peuvent nous altérer de façon permanente. Il m’a cependant conseillé de ne pas m’inquiéter de cela, que tu m’avais déjà complètement transformé. » Mon visage s’éclaira d’un immense sourire que je ne fis rien pour retenir.
Ce souvenir était l’un des plus beaux depuis le début de mon existence.
Mon intrusion dans sa chambre pendant son sommeil, ses murmures qui m’offraient une nouvelle fenêtre sur ses pensées, et puis mon nom. Edward. Elle l’avait prononcé en dormant. C’est ce que j’avais vu en regardant par cette nouvelle fenêtre : moi. Elle pensait à moi. Et cela m’avait métamorphosé.
Plus jamais le monstre assoiffé de son sang n’avait refait surface. Je ne pouvais alors plus m’imaginer sans elle. C’était encore l’une des plus belles nuits de ma vie.
« J’en ai aussi parlé à mes frères. » En disant cela, je me faisais l’effet d’un petit garçon. « Ils ont évoqué un intense plaisir. En deuxième position après celui que procure le sang humain. Mais j’ai déjà goûté le tien, et aucun sang n’est aussi puissant que ça… » Ah ça non. Il n’existait rien de plus puissant qu’une nuit dans les bras de son aimée. « Je ne crois pas que Jasper et Emmett se trompent. Juste que, pour nous, ç’a été différent. Plus fort. » Bien plus fort.
« Oui, ç’a été plus fort. Ç’a été tout. » répondit-elle doucement.
Elle ne devait cependant pas oublier qu’elle était couverte de bleus…
« Cela n’enlève rien à mes tords », lui dis-je donc pour garder à l’esprit le point de départ de la discussion. « Même si ce que tu affirmes est vrai. »
« Comment ça ? » s’écria-t-elle l’air outragée. « Tu crois que j’invente ? Pourquoi ferais-je un truc pareil ? » demanda-t-elle exaspérée.
Voilà. C’était également ma question.
« Pour alléger ma conscience » répondis-je doucement. « Je ne peux pas ignorer l’évidence, Bella. Ni ta mauvaise habitude de vouloir m’innocenter quand je commets des erreurs. » C’était l’un de ses plus gros défauts à vrai dire… peut être même le seul…
D’un geste vif mais exempt de toute brutalité elle saisit mon menton entre ses doigts frêles et se pencha vers moi. Sa douce odeur et son haleine chaude me caressant le visage avec autant de douceur que le ton qu’elle employa.
« Écoute-moi, Edward Cullen. » dit-elle. A chaque fois qu’elle prononçait mon prénom, mon estomac se serrait comme au premier jour où elle le prononçât.
« Je ne raconte pas d’histoires pour que tu te sentes mieux, pigé ? Je ne savais même pas qu’il fallait te rassurer avant de comprendre que tu étais mal. Je n’ai jamais été aussi heureuse de ma vie, même le jour où tu as décidé que tu m’aimais trop pour me tuer, même le matin où je me suis réveillée pour découvrir que tu m’attendais… même lorsque j’ai entendu ta voix dans le studio de danse. » Je tressaillit à l’évocation de ce moment où, pour la première fois, notre amour avait failli la tuer. Mais elle poursuivit comme si de rien n’était. « Ni quand tu as dit ‘‘oui’’ et que j’ai compris que tu étais mien pour toujours. Voilà les moments les plus heureux de mon existence, or la nuit que nous venons de vivre est encore mieux. Alors fais avec et cesse de te torturer. » Son ton s’était fait plus dur et ses petites lignes entre ses sourcils s’étaient reformées, signe de son grand tourment. Du bout du doigt, je les caressais doucement, tentant de les apaiser.
« Je te rends malheureuse, en ce moment. » lui affirmais-je. « Je n’ai pas envie de te rendre malheureuse ». La voir malheureuse était bien pire que la voir blessée car sa souffrance intérieure, je ne savais comment la soulager.
« Alors, ne le sois pas toi-même. » répondit-elle agacée. « C’est le seul truc qui cloche, là. »
A mon grand désespoir, elle avait raison. Elle n’était malheureuse à cause de ce que je lui avais fait mais à cause de ce que j’étais en train de lui faire subir.
Respirant à pleins poumons son odeur de freesia pour m’apaiser, je hochais la tête. Je ne pouvais effacer la souffrance causée, mais la souffrance que je lui faisais endurer en ce moment, je pouvais l’éviter.
« Tu as raison. Le passé est le passé, je ne peux rien y changer. Inutile de laisser mon humeur gâcher la tienne. Je ferai tout ce que tu voudras pour que ton bonheur perdure ».
Oui. C’était exactement ça. J’étais prêt à tout pour la rendre heureuse.
Elle parut perplexe et m’observa longuement. Cependant, c’était vrai. Elle avait raison. Je voulais qu’elle comprenne que ce que je venais de dire était la plus grande vérité de ma vie, celle qui la dirigeait.
«Tout ? » répéta-t-elle un instant avant que son ventre ne nous rappelle sa présence. Je compris alors qu’elle avait faim et qu’elle souhaitait que je lui prépare quelque chose.
« Tu as faim. » lui dis-je immédiatement afin qu’elle remarque avec quelle application je me mettais à ma tache : la rendre heureuse.
Je me levais et me rhabillait entraînant avec moi un tourbillon de plumes blanches et duveteuses.
« Pour quelle raison as-tu décidé de détruire les oreillers d’Esmé ? » s’enquit-elle l’air guilleret.
Malheureusement, elle ignorait que sa question anodine remettait sur le tapis un sujet que nous avions réussi à enterrer. Mais elle méritait la vérité.
« Je ne suis pas sûr d’avoir décidé quoi que ce soit. » marmonnais-je à contre cœur. « Disons que nous avons eu de la chance que ça soit les oreillers et pas toi. »
Cette pensée m’affligea à nouveau. Je soupirais. Mais nous l’avions réglé. Elle préférait garder en mémoire le plaisir de cette nuit et oublier ses difficultés. Je devais faire pareil.
Chassant ces idées noires de mon esprit, je dessinais sur mon visage un sourire le plus naturel possible mais aussi le plus tendre. Cependant, il disparut très vite et laissa place aux pires idées lorsque Bella se leva du lit et commença à étirer son corps meurtri, m’arrachant un cri d’effroi. Mais j’avais promis de ne pas gâter son plaisir. Cependant, il m’était impossible de regarder ses bleus et de sourire. C’était au dessus de mes forces.
« Suis-je tellement hideuse ? » lança-t-elle pour répondre à ma réaction.
Il n’y avait pas de colère dans sa voix, ni de déception, ni même de réelle inquiétude. Elle essayait juste d’alléger ma peine. Je lui avais demandé de ne pas le faire. Elle ne voulait pas que je gâte son plaisir, elle ne devait pas tenter de me décharger de mon supplice. C’était mon fardeau et je devais le porter. Je devais juste le faire en souriant.
Elle se dirigeât vers la salle de bain afin de voir plus nettement l’étendue des dégâts. Ce qu’elle avait vu sur son bras n’était rien comparé à l’état général de son corps. Je ne supportais pas de la savoir en train de compter les bleus sur son corps ou en train d’imaginer quelle partie de mon corps avait pu le lui infliger. Je l’entendis gémir depuis la salle de bain.
Si mon cœur avait pu, il se serait arrêté, il aurait raté une marche. Je sentis une sueur froide traverser mon dos. Ou en tout cas c’est ce que ça devait représenté lorsqu’on était humain.
« Bella ? ». J’avais accouru pour la rejoindre. Je devais m’expliquer, m’excuser, payer pour ce que je lui avais fait. Je le méritais.
« Je n’arriverai jamais à retirer tout ça de ma tête !» s’exclama-t-elle en désignant les plumes accrochées dans ses cheveux.
La plus grande force de Bella était qu’elle me surprendrait toujours. Même en la connaissant par cœur, j’arrivais rarement à prévoir ses réponses ou ses réactions. Elle était incapable de penser normalement. Comme autrefois elle avait craint de rencontrer Carlisle et Esmé non pas parce qu’ils étaient des vampires mais de peur qu’ils ne l’aiment pas, aujourd’hui elle s’inquiétait plus des pauvres plumes échouées sur sa tête que de la centaine de bleus qui recouvrait son corps.
« Nom d’un chien ! » grognais-je en réponse, plus énervé qu’amusé. « C’est ça qui te préoccupe le plus ! ».
Je m’approchais d’elle bien décidé à ce qu’enfin elle ressente les bons sentiments, les bonnes peurs. Si ces plumes l’empêchaient de voir les nombreuses marbrures qui ornaient son corps, alors je les lui enlèverai afin qu’elle puisse enfin comprendre l’important de la situation !
« Comment as-tu réussi à ne pas rire ? » grimaça-t-elle. « J’ai l’air ridicule »
Comment peux-tu m’imaginer en train de rire dans une telle situation ? ai-je eu envie de lui répondre. Mais ça n’était pas sa faute et à vrai dire, rien ne me ferait sourire aujourd’hui.
Elle sembla trouver que les nombreuses plumes coincées dans ses cheveux ne s’en délogeaient pas assez vite et me dit :
« On n’y arrivera pas comme ça. Ils sont tout secs, je vais devoir les laver. Tu veux m’aider ?» me demanda-t-elle en se retournant.
Mais je l’avais vue venir, tendant ses bras vers moi pour me saisir à la taille. Je ne pouvais m’imaginer en train de la toucher après ce que mes mains lui avaient fait. La simple idée d’effleurer à nouveau son corps avec les doigts qui l’avaient blessée me donna la nausée.
« Mieux vaut que je m’occupe de remplir ton estomac » lui répondis-je doucement en m’écartant d’elle. Comme ça au moins je ne lui ferais plus de mal.
Ça y était. C’état fini.
C’était un moment que j’avais attendu depuis qu’elle avait dit oui et il venait de se terminer.
Plus jamais je ne lui infligerais cela une nouvelle fois. Plus jamais je n’accèderais à ses requêtes. Plus jamais je ne revivrais cette expérience. Plus jamais je ne ressentirais un tel plaisir.
Plus jamais. C’était fini.
Ça avait été la plus belle expérience de ma vie et elle s’était terminée. La Lune de miel était bel et bien terminée. J’en éprouvais un étrange vide qui s’emplit très vite de chagrin.

Orthographe : 2.7 et 2
Respect des consignes : 1 et 1
Respect de l'oeuvre et du theme : 3 et 4
Originalité : 7 et 5
Emotion : 4 et 3
Moyenne : 17.7 et 15
Total : 16.35

Commentaire Keedie : Les - : Ceci s’applique à quelques personne qui ont choisis ce sujet vous n’avez pas traité le bon sujet, on voulait une description de la nuit dans l’eau le bain de minuit leur nuit d’amour. Il y a de rares fautes d’orthographe et grammaire. Genre deux trois.Les + : WOUAH !!!! J’adore c’est trop beau. J’ai eu les larmes aux yeux. C’est très jolie, très émouvant. Puis le point de vue d’Edward est extrêmement bien construit. Bref c’est sublime. BRAVO !!!!

Commentaire Cinderella : Quelques fautes qui n'altèrent pas la lecture. La consigne de la lune de miel n'a cependant pas été assez bien respectée, en effet nous voulions surtout connaitre ce que nous ne connaissions pas du livre de Stephenie Meyer, et voir comment vous auriez pu jongler entre une scène osée et un texte "tout public", si vous voyez ce que je veux dire... Mais l'histoire reste très jolie et bien écrite, et aurait pu être plus émouvante si enfin j'avais eu ce que j'attendais!!

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