samedi 13 septembre 2008

Après la rupture PDV Alice

Par Elodie V

- Il se rapproche de plus en plus. Ce n'est plus qu'une question de minutes désormais.
- Es-tu bien certaine qu'il ne changera pas d'avis ?
Esmé s'inquiétait toujours énormément lorsque le bien être de ceux qu'elle considérait comme ses enfants était en danger. Pourtant, elle n'avait pas à douter de mon pouvoir cette fois. Le futur de mon frère était arrêté et rien ne semblait pouvoir troubler la résolution qu'il avait prise. Un acquiescement de ma part suffit à rassurer ma mère et un sourire éclaira son visage et balaya l'inquiétude qui y régnait. Cela faisait des semaines que je n'avais pas vu Edward et son absence m'avait énormément pesée. Il ne nous donnait que très rarement de ses nouvelles et la famille avait mis mon pouvoir à contribution de façon intense afin de s'assurer de la survie d'Edward dans le futur. Cette insistance ne m'indisposait pourtant pas. Je connaissais extrêmement bien mon frère ainsi que son esprit. Entrer en contact avec celui-ci m'était relativement aisé. Cela n'était malheureusement pas toujours le cas, comme par exemple avec Bella. A notre arrivée à Clinton Creek, et malgré les interdictions répétées d'Edward, j'avais eu le besoin vital de m’assurer que ma meilleure amie se portait bien. Malgré la distance, la connexion de mon esprit et de son futur m'était aisée. Je n'apercevais bien entendu rien de très réjouissant puisque Bella supportait très mal le départ de mon frère mais j'avais tout de même la certitude qu'elle était en bonne santé... si je puis dire. Néanmoins avec le temps et l'éloignement, des interférences étranges étaient nées alors que je guettais mon amie. Sans aucune raison apparente, un sombre flou obscurcissait ma vue et il m'était alors impossible de voir ce qui était réservé à Bella. Pourtant, lorsque je retentais l'expérience quelques heures plus tard, celle-ci m'apparaissait de nouveau clairement. Cela ne m'était jamais arrivé mais il est vrai que les seuls individus sur lesquels j'exerçais mon pouvoir à distance étaient les membres de ma famille. La seule explication rationnelle qui me venait à l'esprit pour expliquer ce phénomène était que j'étais beaucoup moins proche de Bella que je ne le pensais et que je ne la connaissais pas tant que cela. Cependant, cette pensée m'attristait énormément car Bella avait prit une place véritablement importante dans mon existence.
L'ensemble de la famille était désormais réuni afin d'accueillir Edward. Même Emmett et Rosalie, qui devait partir en voyage en Europe du nord avait remis leur départ à une date ultérieure afin d'apporter à Edward le soutien dont il avait besoin. Pour ma part, même si son retour me ravissait, j'éprouvais une sorte de pincement lorsque je m'apercevais que, malgré mon besoin terrible d'évoquer le souvenir de ma meilleure amie, je ne pourrais en discuter avec Edward. Toute la famille comprenait ma peine et le manque qu'avait créé cette absence dans ma vie. Dans cette épreuve, le soutien de Jasper m'avait été d'un grand secours et son don m'offrait quelques instants de paix. Pourtant, nul ne comprenait mon besoin de parler d'elle. C'était une façon pour moi de continuer à la faire vivre. Je savais qu'Edward pensait à elle à chaque seconde et que cela empirait à mesure que le temps passait. Pourtant, Esmé nous avait fait promettre de ne pas lui parler de Bella sauf si c'est lui qui orientait la discussion dans ce sens. Malgré mes réticences, j'avais accepté de ne pas alimenter ce sujet de discussion bien qu’une part de moi espérait que mon frère aurait besoin de parler d'elle.
Perdu dans mes pensées qui me ramenaient directement à Forks, je ne m’aperçue pas que mon frère sortait de la végétation qui nous entourait. En un instant, il se trouvait à nos côtés et recevait de toute part des accolades et des sourires chaleureux. Pourtant, Edward avait l'esprit ailleurs, bien loin des embrassades et de la joie ambiante. Son esprit était au Brésil, là où mon frère devait se rendre dans quelques jours. J'avais vu son futur s'éclairer brusquement lorsqu'il avait pris la résolution de se rendre là bas. J'avais découvert également qu'il m'avait inclue, ainsi que Jasper, dans son projet mais ma décision avait été temporairement prise : je refusais de me rendre en Amérique du Sud. Néanmoins, je savais qu'avec quelques arguments convaincant, Edward parviendrait à me faire changer d'avis rapidement. J'attendais donc d'entendre ceux-ci et de voir qu'elle allait être la réaction de Jasper lorsque son frère lui demanderait directement son aide pour arrêter définitivement ma décision.
Etant à la fin de la file qui s'était formée sur le perron, je fus la dernière qu'Edward salua. Il me prit dans ses bras et me murmura un " Tu m'as manqué petite sœur "auquel je répondis par un " Toi aussi tu m'as manqué " des plus sincères. Lorsqu'il me fit de nouveau face, il m'adressa un sourire mais ses yeux ne s'éclairèrent pas comme ils l'auraient dus. Esmé avait très mal supporté le départ d'Edward de la maison. A chacune des absences d'un membre de sa famille, elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour lui. Pourtant, lorsque l'absence d'Edward se prolongea et que les nouvelles se firent de plus en plus rares, ma mère voyait le côté positif de la chose en notant que cette transition était nécessaire pour qu'Edward retrouve un certain équilibre. Néanmoins, toute la famille était convaincue, de même qu'Esmé, au fond d'elle même, que cette transition ne se ferait jamais et qu'Edward ne vivrait plus de façon normale après la perte de la femme qu'il aimait.
Après avoir salué tout le monde et avoir échangé quelques mots avec Carlisle et Esmé, Edward franchit le seuil de la demeure familiale. Il posa le peu d'affaires qu'il avait emmené avec lui et s'adossa contre un mur. Je ne pouvais m'empêcher de constater que mon frère, toujours si distingué, était dans un état pitoyable : à son état physique, il était possible de remarquer qu'il ne s'était pas lavé depuis plusieurs jours et ses vêtements étaient couverts de tâches et de terre. Heureusement, en apercevant son retour, j'avais constaté l'ensemble de ces détails et un tas de vêtements propres et neufs l'attendaient à l'étage.
La vision de mon frère franchissant le seuil de cette demeure en arborant une allure déplorable me rappela la première fois où il était venu ici, la mine déconfite et le regard vide. Cela datait de quelques mois maintenant mais ces mauvais souvenirs étaient toujours vifs dans mon esprit. Lorsqu'Edward avait décidé de quitter Forks, toute la famille avait soutenu sa décision même si nous avions tous - ou pour la plupart tout au moins - le cœur brisé par ce changement brusque et imprévu. Personnellement, je comprenais la décision de mon frère et son besoin de protéger Bella, quitte à en souffrir. Néanmoins, j'avais eu énormément de peine lorsqu'il m'avait annoncé qu'il était préférable que je n'aille pas dire au revoir à mon amie. De son point de vue, une rupture brutale serait favorable à Bella et lui permettrait de se reconstruire plus facilement. J'avais lutté contre cette décision et j'avais même supplié mon frère de me laisser lui faire mes adieux mais il avait refusé et j'avais cédé. Cela fut dur pour moi. Je ne comprenais pas en quoi un simple au revoir de quelques secondes pourrait lui être néfaste et l'idée que j'avais vu mon amie pour la dernière fois sans le savoir m'était insupportable. Une fois que la décision de mon frère de quitter la ville fût arrêtée, Carlisle décida que nous irions dans notre maison de Clinton Creek, au Canada. Le dépaysement était total car même si la végétation était dense dans ce lieu comme c'était le cas à Forks, les conditions climatiques et les animaux que nous trouvions pour nous nourrir étaient complètement différents - au grand plaisir d'Emmett qui pourrait alors trouver des ours en abondance. Cependant, même si l'éloignement et le dépaysement nous était bénéfique, la vie n'était plus du tout la même. Mes frères, Rosalie et moi avions refusé de retourner au lycée et Carlisle, quant à lui, n'avait recherché aucun emploi dans un hôpital. Inconsciemment, chacun de nous savait que nous ne resterions que peu de temps dans ce lieu. En effet, même s’il était désormais impossible pour nous de revenir à Forks un jour, cette maison de Clinton Creek n’abritait que de mauvais souvenirs et de la morosité. J'avais l'impression que chacun d’entre nous entrevoyait un futur plus réjouissant ailleurs, dans quelques mois ou quelques années. Pour l’instant, nous n’avions pas encore la force de tout reprendre à zéro. Quant à Edward, il n’entrevoyait plus aucun futur, ni avec nous, ni seul. Il attendait la fin de sa souffrance. Pour sa famille et surtout pour Esmé, il essayait de tenir le coup en sachant que lorsque Bella atteindrait l’âge fatidique auquel un humain mourrait, il la suivrait. Tout le monde avait compris cela même si certains, par amour comme Esmé et Carlisle ou par incompréhension comme Rosalie, continuaient de croire qu’il changerait d’avis par la suite. Je comprenais ce choix et je savais que je n’essayerai pas de faire changer d’avis mon frère. Même s’il allait énormément me manquer, je devais penser à lui et admettre que si Jasper n’était plus de ce monde, je quitterai moi aussi volontiers cette terre.
Plus tard dans la journée, alors que le soleil faisait déjà rougeoyer le ciel de Clinton Creek, je rejoignis Edward. Ce dernier s’était isolé quelques instants et se trouvait désormais au fond du jardin de la propriété. Je n’avais pas encore pu trouver quelques instants à passer seul avec lui alors que j’en avais grandement envie et besoin. Toute l’après midi, Emmett avait accaparé le temps d’Edward en programmant dans les moindres détails une partie de chasse qu’il avait prévu pour dans quelques jours. Emmett, dans l’euphorie d’avoir retrouvé son frère et son partenaire de jeu, n’avait pas constaté que celui-ci ne faisait pas grand cas de cette distraction et qu’il annulerait cette expédition à la première occasion. Je ne lui en voulais pas de m’avoir empêché de voir mon frère comme je le souhaitais car tout ce qu'il désirait était de profiter un maximum de lui, comme chacun d’entre nous.
- C’est vrai qu’il était un peu collant mais bon… On ne peut pas lui en vouloir…
Edward, assis sur un rocher, avait entendu mes réflexions. Je m’assis à ses côtés et posa quelques secondes ma tête sur son épaule. Puis, je plongea mon regard dans le sien. Il paraissait vraiment las et moralement fatigué.
- Je vais bien, m’assura-t-il.
Elle me manque, pensais-je.
Il ne répondit pas et détourna son visage du mien pour fixer un point invisible à l’horizon.
Tu ne souhaite pas en parler ?
- Que veux-tu que je dise ? Qu’elle me manque ? Que je n’arrive pas à vivre sans elle ? Que je ferais n’importe quoi pour revenir en arrière et empêcher cet événement de se produire ? Je te dis tout cela Alice. Je ne suis rien sans elle et ma vie se limite à de la survie... Mais je ne sais même pas pourquoi je tente de survivre. Cela fait désormais près de cinq mois que je ne l'ai vu. Cent cinquante jours que je ne l'ai pas embrassé, touché ou simplement vu. Des heures et des secondes qui n'ont désormais plus aucun sens et qui n'en auront plus jamais. Son visage me hante et je donnerais n’importe quoi pour pouvoir la serrer de nouveau contre moi mais cela est impossible. Nous sommes un danger pour elle et je préfère demeurer sans elle si c’est la seule chose à faire pour qu’elle se porte bien.
Elle est encore très malheureuse tu sais.
- Mais elle se porte mieux qu’avant n’est ce pas ?
Je ne sais pas exactement. Elle cache peut être simplement mieux ses sentiments pour éviter de faire de la peine à son père. Il a très mal supporté l’état de léthargie dans lequel elle se trouvait après notre départ. Elle veut sûrement…
- Arrête de nier l’évidence Alice. Bella va beaucoup mieux et je m’en réjouis sincèrement. Je veux qu’elle soit heureuse même si c’est sans moi.
Je n’osais plus dire - ou penser – un seul mot. Les sentiments d’Edward étaient profonds et je savais qu’il pensait ce qu’il venait de dire même si cela devait lui briser le cœur.
- Tu n’as pas à avoir honte Alice, dit-il en arrêtant le flot de mes pensées.
De quoi donc ?
- De ressentir un vide. Je sais que tu considérais Bella comme ta meilleure amie. C’est normal qu’elle te manque et que tu veuilles parler d’elle. Cependant, je préférerais que tu en discutes avec Jasper ou Esmé ou quelqu’un d’autre. C’est déjà très dur pour moi de penser à elle constamment. C’est encore plus douloureux d’exprimer mes sentiments à haute voix.
Je comprends, bien sûr.
Je reposa ma tête sur son épaule et il posa la sienne sur le sommet de mon crâne. Installée de la sorte, sans dire un mot, j’avais véritablement la sensation d’avoir retrouvé mon grand frère qui avait une place si importante dans ma vie. J’entendis Edward rire légèrement en entendant mes pensées.
- Sacré petit lutin, me murmura-t-il.


Edward était de retour parmi nous depuis près d'une journée maintenant et, en apparence tout au moins, le temps s'écoulait d'une façon des plus traditionnelles. Chaque membre de la famille vaquait à ses occupations et Edward se distrayait en lisant les nouveaux ouvrages que Carlisle avait acquis. Esmé avait beaucoup espéré que son fils retravaillerait sur le piano disponible dans la demeure mais il n'en fit rien. Depuis notre départ, mon frère ne s'adonnait plus à sa passion pour la musique et je ne l'avais jamais revu écouter le moindre morceau. Il était possible de dire que l'ambiance qui régnait entre nous était détendue et cela malgré les tensions qui existaient toujours entre Edward et Rosalie. A l'arrivée de celui-ci à Clinton Creek, Rosalie avait eu des paroles blessantes à son égard et je me souvenais encore de leur dernière dispute comme si elle s'était déroulée quelques heures auparavant.
- Pourquoi te morfondre ainsi Edward ? Tu étais conscient que votre histoire était impossible. Il est temps pour toi de changer de vie et de repartir sur de nouvelles bases.
Bien qu'elle ne l'aurait pas due, la réflexion de Rosalie choqua tous les gens qui se trouvaient dans la pièce. Je savais que son histoire avec Emmett n'avait rien à voir avec l'amour qu'Edward et Bella se portaient. Bien entendu, Rosalie aimait énormément son fiancé mais elle n'aurait jamais été prête à tout donner ou tout abandonner, à faire des sacrifices pour poursuivre leur relation ou pour protéger Emmett. Malgré mon envie d'être impartiale, je ne pus me contenir plus longuement:
- Comment peux-tu dire de telles choses ? L'amour qu'Edward porte à Bella est bien plus intense que ce que tu sembles croire et jamais il ne pourra vivre de nouveau de façon normale.
- Arrête de dire n'importe quoi Alice. Ils se connaissent depuis trop peu de temps et cette relation improbable était vouée à l'échec. Un drame serait arrivé tôt ou tard et nous pouvons être heureux que ce ne soit pas Edward qui ait tenté de tuer Bella. Je n'imagine même pas dans quel état il aurait été. De plus, sa morosité déteint sur tout le reste de la famille. C'est véritablement un comportement égoïste.
J’avais déjà ouvert la bouche pour contredire Rosalie mais Edward me devança en prenant la parole d'un ton étrangement calme.
- J’ignore si tu seras un jour capable d’aimer quelqu’un comme j’aime Bella et malgré la souffrance que je m’inflige, je ne regrette rien de ce qui c’est passé. Alors, si mon humeur altère la tienne et celles des autres membres de la famille, je m’en excuse sincèrement. Pourtant, je ne pourrais pas reprendre goût à la vie alors mieux vaut que je quitte cet endroit.
Une vague apaisante avait envahit soudainement la pièce mais Jasper était lui-même trop crispé pour que son pouvoir nous touche avec efficacité.
Pendant des heures, Carlisle avait émis de nombreux arguments pour faire changer mon frère d’avis. Néanmoins, cela s'était avéré inutile et, quelques jours plus tard, Edward nous avait quittés. J’en avais énormément voulu à Rosalie. Je la tenais responsable de ce départ car j’avais besoin de reporter ma colère sur quelqu’un. Pourtant, je savais au fond de moi qu’Edward nous aurait quitté un jour ou un autre.
Depuis le retour d’Edward, Rosalie s’abstenait de faire le moindre commentaire sur son état psychique et mon frère appréciait ses efforts en s’efforçant de faire comme si aucune dispute n’avait altéré leurs relations. L’ambiance était par conséquent joviale et une partie de chasse avait été organisé pour cette journée. Emmett avait un peu bougonné car son projet d’aller chasser à des centaines de kilomètres de notre maison avait été reportée. Pour aujourd’hui, nous nous contenterions des forêts alentours et des animaux que celle-ci nous offrait. Cela était une façon de se retrouver un peu les uns les autres. Cependant, chasser des animaux sauvages lorsque l’on est une bande de sept vampires n’est pas une chose aisée. Des groupes avaient par conséquent été formés : Jasper, Edward et moi partirions au Nord tandis que le reste de la famille se dirigerait vers l’Ouest. Cette journée se passa admirablement bien. Chacun d’entre nous attrapa quelques chèvres sauvages et autres mammifères vivant dans la région. Grâce à mon pouvoir, j’avais pu constater que le reste de la famille passait également un très bon moment même si mon frère était contrarié qu’aucun ours ne soit encore sortit d’hibernation.
Edward, Jasper et moi rentrions à la maison lorsque je m’aperçus, en observant le futur, que mon frère avait choisit cet instant où nous n’étions que tous les trois pour nous parler de son projet.
- Il faut que je vous parle, décréta-t-il en franchissant le seuil de la maison.
Edward savait que j’étais au courant de ce qu’il allait nous demander, à Jasper et à moi, et il savait que je n’avais pas mis Jasper au courant. Edward avait toujours eu une façon particulière de présenter les choses et je me devais de le laisser faire.
- Comme Alice le sait déjà, reprit il en s’adressant d’avantage à Jasper qu’à moi, lorsque je suis parti de cet endroit, j’avais une idée précise en tête. Je voulais trouver Victoria, la traquer afin de la tuer.
Jasper arbora une expression stupéfaite auquel Edward répondit par un sourire sans joie.
- J’ai conscience que ce n’est pas dans ma nature de tuer des êtres, aussi horribles soient-ils. Mais il est impossible de laisser Victoria en liberté. J’ai vu dans son esprit il y a près d’un an et je sais de quoi elle est capable. Même si elle n’est pas aussi hargneuse que James, la mort de celui-ci l’a rendu aigrie. Je ne sais pas de quoi elle est capable mais je sais qu’elle est cruelle et il ne serait pas juste de la laisser vivre dans le même monde que d’innocentes personnes. Je l’ai suivi durant des semaines et j’ai trouvé sa trace au Texas. Je suis convaincue qu’elle se dirige vers le Brésil. J’aurais pu l’arrêter aux Etats Unis mais je n’y suis pas parvenu. Je n’ai aucune expérience de la traque et je ne suis pas véritablement doué pour cela. J’ai besoin que vous m’aidiez. Ensemble, nous serons plus forts.
Le futur de Jasper s’éclaircissait peu à peu et je voyais qu’il allait céder et décider d’aider son frère. Je me devais par conséquent d’intervenir.
- Si tu lui donnais toutes les informations Edward…
- J’allais y venir, me répondit-il avec un air entendu. Si tu acceptes de m’accompagner Jasper, saches que j’ai fait une nouvelle connaissance et que celle-ci va se joindre à nous.
- Au regard de l’expression qu’arbore Alice, je pense qu’il va falloir que tu m’en dises d’avantage sur cette nouvelle connaissance.
- Très bien, il s’appelle Mark. Il a subit sa transformation il y a environ cinquante ans maintenant et je l’ai rencontré alors que je chassais. Pour faire bref, j’ai sympathisé avec lui et je lui ai fait part de mon histoire avec Victoria. Il est révolté contre ce type de vampire. Bien entendu, il se nourrit de sang humain mais ne le fait que pour des raisons de survie ce qui n’est pas le cas de Victoria. Il m’a accompagné quelques jours alors que je la traquais et a accepté de suivre sa trace pendant que je me rendrais ici, à Clinton Creek. Grâce à mon pouvoir mêlé à celui d’Alice, il nous sera aisé de le trouver et d’achever notre tâche rapidement. Malgré cela, ton expérience nous serait d’une aide précieuse Jasper et j’espère vraiment que vous m’accompagnerez tous les deux.
Se tournant vers moi, Jasper m’interrogea du regard. Mon frère me fit également face. Il avait conscience que ma décision influencerait considérablement le choix de Jasper.
- Je ne peux pas faire ça Edward, expliquais-je. Ce que tu nous demandes est véritablement dangereux car rien ne nous prouve que Victoria ne s’est pas alliée à d’autres vampires. De plus, je ne connais pas du tout ce Mark. Je n’aperçois encore rien de son futur car aucune décision n’a encore été arrêtée ni par moi, ni par Jasper et ni par toi Edward. Tu sais que je t’aime énormément et que je souhaite t’aider du mieux que je peux mais je ne suis pas convaincue que réduire Victoria à néant t’apportera un quelconque soulagement. Ne m’en veux pas… Pour ce qui est de toi Jasper, tu peux aider Edward si tu le souhaites, je le comprendrais très bien.
Jasper, perdu dans ce dilemme, inclina la tête. Edward plongea son regard dans le mien et, d’une voix douce et calme, reprit la parole :
- Tu sais, si je fais tout ça, c’est aussi pour elle. Qui sait si un jour Victoria ne voudra pas se venger de la disparition de James. Et même si ce n’est pas le cas, elle attaquera encore et encore d’honnêtes humains.
- Et ce Mark, qu’est ce qui nous prouve qu’il est aussi digne de confiance que tu le prétends. Il ne s’est jamais mal comporté en ta présence ? Et ne nous mens pas Edward…
Mon frère prit une profonde inspiration avant de répondre à la question que je venais de lui poser. J’étais convaincu qu’il n’oserait jamais nous mentir même si la vérité risquait de nous faire refuser sa proposition.
- Mark est quelqu’un d’intègre et d’honnête. Il n’y a qu’une chose qu’il a faite et qui m’a déçu et déboussolé. Je vous en fais part pour que tout soit mis à plat entre nous mais j’espère que vous accepterez tout de même de venir avec nous. Lors d’une partie de chasse, Mark a voulu que je boive du sang humain. C’était une période où j’étais très faible et triste et il pensait qu’obéir à mes instincts de vampire pourrait me soulager d’un poids. De son poids de vue, il n’avait pas tout à fait tord.
Je ne pus réagir à ces paroles tant l’idée de mon frère, si intègre, buvant du sang humain m’était insupportable.
- Ne me jugez pas trop sévèrement, reprit-il, mais je ne savais vraiment plus où j’en étais. J’avais perdu tous mes repères et même si je ne les ai toujours pas retrouvés à ce jour, je ne quitterais plus la voie qui m’a été tracée. Comme je vous le disais, Mark voulait me pousser à boire le sang d’un humain. Contrairement à ce que j’avais cru dans le passé, cette idée ne faisait naître en moi aucun remord et la pensée de Carlisle ne changeait en rien la résolution que j’avais prise. Psychologiquement, j’étais prêt à faire cela et je suis heureux que tu n’ai pas surveillé mon futur à cet instant… Cela aurait été terrible. Mark avait repéré un couple isolé en dehors de la ville et nous nous approchions dangereusement de celui-ci. Néanmoins, lorsqu’il m’a enfin été donné la possibilité d’apercevoir ce couple, je me suis rendu compte que la jeune femme qui devait me servir de repas était brune, les yeux couleur chocolat, le teint pâle. La ressemblance était trop frappante pour que je puisse assouvir ma soif. C’est à cet instant que je me suis rendu compte que cette femme était la Bella de quelqu’un et je n’étais pas assez cruel pour lui ôter la vie. Je n’en ai pas voulu à Mark pour avoir fait ressortir cette horrible part de ma personnalité. Alors voilà, je vous ai fais part de cet épisode de ma vie dont je ne suis pas très fier. C’est la seule chose pour laquelle vous pourriez en vouloir à Mark mais je ne pense pas que le fait de pousser quelqu’un dans ses derniers retranchements soit une raison suffisante pour ne pas faire confiance à un individu.
Jasper et moi avions écouté ce qu’Edward avait à nous dire sans intervenir. Je voyais que mon fiancé était contrarié. Son frère, qui était un modèle de vertu pour lui, avait failli céder à une tentation qui le hantait lui-même. Contrairement à ce que d’autres auraient pu croire, j’avais conscience qu’il ne serait en rien rassuré car cela le faisait douter encore plus de ses capacités à retenir en lui ses envies. Depuis l’accident qui était survenu lors de l’anniversaire de Bella, Jasper était rongé par les remords et se rendait responsable de la tristesse d’Edward ainsi que de la mienne. Je savais donc que l’épisode que mon frère venait de nous raconter n’allait en rien l’apaiser. Notre conversation fût brusquement interrompue par l’arrivée du reste de la famille. Edward ne voulait pas leur parler de son projet car il était conscient qu’Esmé et Carlisle tenterait de le dissuader, que Rosalie refuserait catégoriquement de l’aider et qu’Emmett suivrait la décision de sa femme.
C’est d’accord, pensais-je afin mettre au courant mon frère sans que le reste de la famille ne m’entende, mais si j’accepte de t’aider, c’est pour éviter que d’autres individus soient martyrisés entre ses mains et non pas pour finir ce qui a été commencé avec James.
- Ne t’inquiète pas, ce n’est absolument pas mon but, me murmura-t-il à l’oreille.
Il se tourna alors vers Jasper et attendit de voir ce que celui-ci allait lui répondre. Je n’avais pas la capacité de lire dans les pensées mais je connaissais déjà sa réponse. Edward arborait désormais un sourire triomphal et Jasper m’adressa un clin d’œil. Nous devions par conséquent partir tous les trois pour rejoindre ce fameux Mark au plus vite.


Notre départ pour le Brésil eu lieu quelques heures après notre discussion. Pour ne pas que les autres s’aperçoivent de notre départ, Edward était parti le premier et nous l’avions suivi, Jasper et moi, quelques dizaines de minutes plus tard. Ainsi, les autres pensaient que, comme c’était leur cas, nous vaquions à nos occupations habituelles. J’avais un peu mauvaise conscience d’avoir quitté la maison aussi rapidement et sans prévenir personne même si je savais que cela était nécessaire. Edward avait laissé une lettre avec le peu d’explications nécessaires sur le bureau de Carlisle afin que celui-ci ne s’inquiète pas trop. Jasper et moi nous dirigions donc vers l’aéroport où Edward nous attendait déjà, trois billets fraîchement achetés dans les mains. Le prochain avion pour São Paulo était prévu pour dans quarante-cinq minutes et mon frère avait réussi - grâce à son talent de diplomate - à acquérir des places sur ce vol. Le voyage dura peu de temps et en un instant nous nous retrouvâmes au Brésil, la moindre partie de notre corps couverte de tissu. Le nouvel ami de mon frère ne possédait pas de téléphone portable mais il savait néanmoins qu’Edward devait le rejoindre dans peu de temps. C’est pourquoi celui-ci lui avait demandé de se rendre à São Paulo afin que nous le rejoignions sur place. A peine arrivée, je cherchais dans mon futur l’endroit où j’allais, dans quelques minutes maintenant, rencontrer pour la première fois Mark. Ce dernier avait eu la brillante idée de programmer notre rencontre à proximité d’une plaque indicative de ville. Celle-ci indiquait le nom "Sajamar" et Edward nous expliqua que cette bourgade se situait à une dizaine de kilomètres de l’endroit où nous nous trouvions.
- Comment va-t-il savoir que nous arrivons justement maintenant ? demanda Jasper, tout en courant.
- Il a un don, répondit Edward. C’est un peu spécial à décrire mais il perçoit lorsqu’un autre vampire le cherche. Cependant, son pouvoir a des limites et ne nous sera pas forcément utile pour la suite de nos recherches. En effet, le pouvoir de Mark ne fonctionne que si l’individu le cherche lui spécifiquement. Ainsi, s’il se trouve avec une personne et que c’est celle-ci qui est recherchée, il ne percevra rien du tout.
- Etrange comme don… commenta Jasper.
Le chemin se poursuivit sans paroles et en quelques minutes, nous nous trouvions à Sajamar. Mark était déjà là, à nous attendre. Ce dernier était grand, mince, élancé. Il avait des cheveux épais d’une couleur blond vénitienne qui lui tombait sur les épaules. Comme tous les vampires, il arborait un teint blafard et avait des pupilles rouges écarlates. Je ne sais si ce sont mes aprioris qui me donnèrent cette sensation mais rien qu’à son expression faciale, ce Mark ne m’inspirait pas confiance. Jasper et moi adressâmes un vague sourire et un timide bonjour à cet homme tandis qu’Edward lui faisait une accolade chaleureuse.
- Quelles sont les nouvelles ? demanda Edward.
- Je dois avouer que j’ai eu beaucoup de mal à suivre sa trace, répondit Mark d’une voix grave mais toutefois chantante. J’ai suivi sa trace jusqu’à Sarocaba mais j’ignore si elle est partie ensuite vers le Sud ou si elle a fait demi tour. Je l’ai aperçu pour la dernière fois il y a un peu plus de dix heures et elle a pu faire de la route depuis. Je pense qu’il faudrait que nous nous divisions en deux groupes afin d’être plus efficace et surtout ne pas perdre plus de temps.
L’idée de devoir diviser le groupe en deux ne m’enchantait pas, qui plus est lorsque je saisir quels allaient être ces deux groupes. C’est Edward qui exprima à haute voix ce que je venais de comprendre.
- Je pense que le mieux est de nous répartir de façon équitable. Alice, qui a un don qui pourra nous être très utile partira avec Mark tandis que Jasper qui a une grande expérience du combat se rendra au Sud avec moi. Je suis désolé, s’excusa-t-il en voyant dans mon esprit que je n’étais pas véritablement enchantée de me séparer de Jasper et, qui plus est, pour faire équipe avec ce Mark dont je ne savais rien. C’est la seule solution.
Je savais que mon frère avait raison et, maintenant que j’avais accepté de l’aider, autant le faire de façon efficace. Nous nous accordâmes quelques secondes pour se dire au revoir tout en précisant à Edward que s’il avait le moindre problème, il devait m’envoyer un signe et inversement. J’eus le temps d’embrasser Jasper et de le serrer dans mes bras mais cela sembla durer trop peu de temps. Me séparer de ma moitié était toujours très difficile pour moi. Edward et Jasper nous quittèrent et se dirigèrent vers le sud du Brésil. Mark se tourna alors vers moi :
- Nous devons aller droit vers le nord et nous diriger vers les Etats-Unis, quitte à franchir la frontière s’il le faut.
J’acquiesçais d’un signe de tête et nous commençâmes notre route en rebroussant chemin. Durant de longues minutes, aucun de nous ne troubla le silence qui régnait et le seul bruit que l’on percevait était celui du vent fouettant dans mes oreilles et celui de quelques véhicules qui circulaient au loin, le long de la route. Ce fût Mark qui se décida enfin à rompre ce calme.
- Tout va bien ? me demanda-t-il
- Bien sûr, pourquoi ?
- Je ne sais pas. Nous sommes condamné à passer un certain temps ensemble et celui-ci passerait sans doute plus rapidement si l’ambiance n’était pas aussi glaciale entre nous.
Je devais admettre que ce garçon était perspicace même si je n’essayais clairement pas de sympathiser avec lui. Autant ne pas lui cacher la vérité et crever l’abcès que j’avais créé entre lui et moi.
- Je n’ai aucune confiance en toi.
- Voilà qui est direct… Puis-je savoir pourquoi ou est-ce trop indiscret ?
- Je ne vois pas pourquoi toi, un inconnu, tu acceptes d’aider mon frère à tuer un vampire que tu ne connais absolument pas. Je ne comprends pas quel intérêt tu ressors de toute cette histoire.
Durant de longues secondes, il garda le silence et fixa la route qui se dressait devant lui. Personnellement, j’ignorais jusqu’où nous devions aller avec exactitude et je me contentais de suivre ses pas.
- Tu ne me connais pas, finit-il par dire.
- Et c’est bien là qu’est le problème.
Il arrêta alors brusquement sa course. Prise de court, je ne parvins pas à stopper immédiatement. Etant désormais quelques mètres devant lui, je fis demi-tour tandis qu’il me fixait tout en arborant un air contrarié.
- Qu’est ce qu’Edward t’a raconté ? m’interrogea-t-il. Au sujet de Victoria et de l’aide que je lui apporte bien entendu.
- Il m’a simplement dit que les vampires aussi cruels qu’elle t’horripilaient. En gros, c’est tout ce que je sais.
- Edward est bien trop bon pour parler à quiconque de cet instant de ma vie mais je n’ai pas d’autre choix que de t’en faire part désormais. Ce n’est pas pour cela que tu auras confiance en moi mais au moins, tu connaitras le sens exact de mes intentions. Lorsque j’étais encore un humain, je vivais à New York. En hiver, le climat est idéal pour permettre aux vampires de chasser... ce que j’ignorais bien entendu. La seconde guerre mondiale venait de se terminer et mon frère venait tout juste de rentrer au pays. Je n’avais que quinze ans et j’étais le garçon le plus heureux : contrairement à la plupart de mes camarades, les membres de ma famille étaient rentrés chez eux et je pouvais en profiter à chaque instant. Ce weekend là, nous avions prévu, mon frère et moi, de nous rendre dans la campagne la plus proche de notre lieu de résidence pour fêter mon seizième anniversaire dignement en pêchant ensemble. Tout se passait pour le mieux jusqu’à ce qu’ils arrivent. Un homme et une femme à la peau aussi blanche que la neige qui se trouvait autour de nous, tous les deux très beaux. Mon frère et moi n’étions pas effrayés jusqu’à ce que nous découvrions pour la première fois leurs pupilles rouges vives. Nous avons essayé de nous échapper mais nos efforts ont été vains. L’homme s’est emparé de mon frère alors que je courrais encore pour sauver ma vie et je l’entendis hurler quelques secondes avant qu'il ne se taise pour toujours. Je pensais que j’avais réussi à leur échapper grâce au retard qu’ils avaient accumulé en attrapant mon frère. Je compris que j’avais tord lorsque la femme aux cheveux d'un roux vif apparut devant moi. Sans rien dire, elle m’agrippa violemment et planta ses crocs dans mon cou. Un fermier, alerté par mes cris tira un coup de feu dans la jambe celle-ci. Elle ne sentit rien, bien entendu, mais cela suffit à la distraire et à la faire partir. Inutile de te raconter la suite de mon histoire. Cette partie est suffisante pour répondre à nombre de tes interrogations.
Je n’avais pas dit un mot durant l’ensemble de son récit mais il était désormais temps pour moi de reprendre la parole :
- Comment peux-tu être sûr que c’était elle ?
- Chaque vampire est différent mais il est possible de dire qu’avec sa crinière rousse et la description de l’homme qui l’accompagnait, il n’y a aucun doute. Voilà pourquoi je veux aider ton frère à la tuer : pour me venger, pour venger mon frère et permettre que justice soit faite.
- Tu as de belles paroles mais toi-même tu brises des familles lorsque tu te nourris.
- Je suis loin d’avoir ta maturité et pour l’instant seul ma soif de vengeance me guide. Je ne bois du sang humain que pour survivre, parce que j’y suis obligé. Peut être que plus tard, ta famille m’aidera et me convertira au végétarisme.
J’ignorais s’il plaisantait mais il n’en avait pas l’air. Je passa au dessus de sa remarque afin éviter d’avoir des images de ce possible nouveau membre de la famille Cullen dans la tête. Je ne savais toujours rien de lui et je ne savais pas si je pourrais, un jour, le considérer comme mon frère. Pour le moment, j’étais simplement convaincue de sa bonne foi et persuadée que ses intentions envers mon frère étaient justes bien que l’envie de se venger ne soit pas un sentiment très honorable. Sans prévenir, il reprit la route et je le rejoignis en quelques foulées. Pendant de longues minutes nous courûmes sans nous arrêter et sans ressentir la moindre fatigue.
J’avais désormais la sensation de le connaitre un peu mieux et nous échangions quelques paroles ou anecdotes l’un sur l’autre de temps à autre. Il était très intéressé par le mode de vie de notre famille et désirait un jour pouvoir aller au lycée ou à l’université comme s’il était un humain normal. Il me parlait de sa façon de vivre au quotidien qu’il haïssait et qui lui renvoyait une hideuse image de lui-même. Je commençais peu à peu à m’attacher à ce jeune garçon bloqué à jamais dans ses seize ans qui n’avait pas la maturité suffisante pour supporter seul ce qui lui arrivait. Pourtant, lorsqu’il me racontait des histoires de son passé, une pointe de jalousie naissait en moi. Effectivement, Mark se souvenait étrangement très bien de ses dernières années en tant qu’humain ce qui n’était pas mon cas puisque j’avais tout oublié de mon passé à l’instant même où j’avais pour la première fois ouvert les yeux dans mon nouveau corps. Je ne lui disais pourtant rien car je sentais qu’il était soulagé de pouvoir parler de son histoire à quelqu’un et connaître les blessures qui l’habitaient me permettait également de mieux cerner certains points de sa personnalité.
Parfois, nous nous arrêtions un instant afin que j’analyse le futur de mon frère et de Jasper. Il était impossible pour moi de savoir où Victoria se dirigeait car celle-ci n’avait aucune idée précise en tête ou, tout au moins, elle connaissait l’existence de mon pouvoir ou d’autres pouvoirs similaires et évitait de prévoir avec une trop grande précision ce qu’elle allait faire. Je pouvais ainsi uniquement constater que mon frère n’allait pas tout de suite la trouver et que leur course allait encore durer des heures, voir des jours entiers. Cependant, cela me rassura légèrement car aucun danger ne se présentait dans l'immédiat sur leur chemin.
Après trois heures de course et par une chance insolite, je perçus enfin Victoria. Je reconnus cet endroit immédiatement : elle se dirigeait vers Hoquiam, une petite bourgade à proximité de Forks où la famille avait vécu quelques temps il y a de nombreuses années. Je ne savais pas encore ce qu’elle désirait faire là bas mais une chose était certaine, elle se rendait dans cette ville et, par conséquent, Mark et moi également. Par chance, nous nous trouvions sur le bon chemin et notre route croiserait forcément celle de Victoria. Je me pressais - tout en courant aussi vite que je le pouvais - de transmettre l’information à mon frère en pensant intensément à l’endroit où nous allions. Je savais qu’Edward et Jasper se trouvaient à des heures d’Hoquiam mais leur aide, même avec un peu de retard, pouvait s’avérer utile.
Une quarantaine de minutes nous suffîmes à effectuer le trajet. Victoria n'était désormais plus très loin de nous et notre tâche consistait désormais à la retrouver. Je mis à contribution mon don et je vis que mon futur me dirigeait vers la forêt. Cela ne nous était pas d'une grande aide car tout ce qui nous entourait n'était qu'arbres, feuilles et végétation.
- Nous devrions nous séparer afin d'avancer nos recherches plus rapidement, proposa Mark.
- Tu es complètement fou. La dernière chose à faire est de nous séparer. Elle est beaucoup plus forte que moi et pour ta part tu manques d'expérience. Ca serait du suicide.
- Parfait. On reste ensemble mais ne perdons pas plus de temps. Elle risquerait de nous filer entre les doigts.
Nous avançâmes prudemment à travers la forêt. Nous ne savions pas exactement quels indices nous cherchions et nous ignorions si Victoria était déjà passée à travers la forêt où si elle n'allait pas tarder. Quelques minutes plus tard, une vision du futur brouilla ma vue et me permis de savoir où celle-ci filait. Mark me suivit tandis qu'il me voyait me diriger sans raison apparente sur la route de campagne qui s'étendait juste à côté de la forêt. Je m'arrêta dans ma course et Mark suivit mon mouvement. Il ne posa aucune question sur ce que je venais de découvrir car il avait conscience que je connaissais très bien cet endroit et que je savais ce que je faisais.
Trente secondes plus tard, un oiseau d'une couleur noir de jais sortit d'un chêne et un point rouge se profila à l'horizon. Mark suivit mon regard et vit, tout comme moi, peu à peu apparaître celle que nous attendions impatiemment. Un homme aux cheveux blonds l'accompagnait. Je ne l'avais pas aperçu lorsque j'avais analysé le futur et cette découverte me déboussolait. Mon pouvoir m'avait encore fait faux bond – probablement parce que Victoria venait de décider que celui-ci devait l'accompagner. Au final, peu importait le pourquoi du comment car nous étions désormais deux contre deux. J’ignorais ce que nous devions faire désormais. Lorsque sur le chemin nous avions discuté, Mark et moi, d'une stratégie à adopter, nous avions conclu que nous étions deux et que Victoria, elle, était seule. Le combat semblait désormais un peu plus risqué et compliqué.
Sans que je ne m'en rende réellement compte, l'homme m'agrippa et positionna ses bras autour de mon cou et de ma taille, si bien qu'il m'était désormais impossible de faire le moindre mouvement. Il ne semblait pourtant pas hostile envers moi car j'avais conscience que s'il le désirait réellement, je serais déjà morte à l'heure actuelle. De son côté, Victoria ne paraissait pas aussi bien disposé envers Mark. Elle ne cessait de tourner autour de mon nouveau camarade qui, de son côté, semblait pétrifié par la peur.
- Alors, on se retrouve mon cher. Quel dommage que ta transformation se soit opéré. J'aurais adoré boire de nouveau ton sang aujourd'hui. Il était vraiment délicieux, tout comme celui de ton grand frère à ce qu'on m'a raconté.
Bien entendu, Victoria, comme tous les vampires, avait une très bonne mémoire et j'étais convaincue qu'elle jouissait de pouvoir affaiblir psychologiquement son adversaire en parlant de son frère décédé. Mark ne répondit pas aux paroles de ce monstre mais il serra les mâchoires et ses poings se crispèrent. Victoria et lui avait mis en place une sorte de ronde où chacun restait à une distance raisonnable de l'autre tout en testant son adversaire du regard.
- Il est temps que je finisse ce que j'avais commencé il y a des années de cela. Tu vas enfin pouvoir retrouver ton frère. Tu devrais me remercier.
Mark se tendit encore d'avantage en entendant Victoria évoquer une fois de plus le souvenir de son frère. Cette fois, il parvint toutefois à ouvrir la bouche et à lui répondre.
- C'est plutôt toi qui va aller rejoindre ton abruti de petit ami.
Victoria réagit immédiatement et prit une position d'attaque. Elle émit également un sifflement sonore qui ressemblait à celui que les chats poussent parfois lorsqu'ils sont prêts à attaquer, même si son apparence été similaire à celle d’un guépard assoiffé de sang. Mark prit la même position et parvins à attaquer Victoria le premier. Leurs corps semblaient désormais soudés l'un à l'autre et leurs gestes étaient trop rapides pour que je puisse apercevoir qui prenait l'avantage sur l'autre. Je m'aperçus toutefois qu'un bout de chair venait d'être craché par la bouche de Mark et je fus ravie de voir qu'il savait se battre avec efficacité. Pourtant, mon soulagement fut de courte durée. Comme cela était prévisible, Victoria reprit le dessus. Je compris cela en entendant le cri déchirant qui s’échappait de la gorge de Mark. Je me débattis pour que la brute qui me tenait lâche enfin prise. Néanmoins cela ne servit à rien et je ne voulais pas prendre le risque de faire changer mon bourreau d'avis et qu'il décide de me tuer. Je savais qu'Edward et Jasper était sur le chemin mais j'avais conscience qu'ils arriveraient trop tard pour nous être d'une quelconque aide. Je décidais pourtant de transmettre quelques détails à mon frère en fixant mes pensées sur ces détails. Mark était désormais seul face à la mort qui risquait de venir dans peu de temps. Dans sa hâte à détruire son ennemi, Victoria ne prenait pas garde à ce qu'elle faisait et elle disséminait des bouts de corps un peu partout. Soudain, un nouveau morceau de chaire tomba à mes pieds. Par réflexe, mes yeux se baissèrent afin de voir ce qui venait de frôler mes chaussures. Je détourna alors vivement la tête tout en fermant les yeux dans le but de ne plus apercevoir ce spectacle : un bout de Mark constitué de la moitié de son visage été désormais jonché à mes pieds et l'œil de celui-ci, à moitié déchiqueté, m'avait regardé pendant la seconde où nos regards s'étaient une dernière fois croisés.
Jamais je ne m'étais sentie aussi impuissante qu'à cet instant. Désormais, les morceaux du corps déchiqueté de Mark parsemaient le sol et Victoria venait de déraciner trois arbres dans le but d'y mettre le feu. Je ne m'étais jamais sentie aussi triste, choquée et dégoûtée qu'à cet instant. En quelques secondes, l'être courageux que j'avais appris à connaître avait quitté ce monde et sa dépouille brulait désormais dans de grandes langues de flammes.


J’aperçus qu’Edward et Jasper arrivait mais je n’eus pas assez de force dans les jambes pour me porter jusqu’à eux. Je ne pouvais bouger et je restais là, abasourdie par le choc que je venais de vivre. La tristesse que j’éprouvais été étrange, presque déplacée. Je ne connaissais Mark que depuis quelques heures mais j’avais tout de même sympathisé avec lui. J’avais la sensation d’être comme toutes ces personnes qui portent le malheur du monde sur leur épaules et ne cessent de se lamenter. Je n’appréciais que modérément ce type d’individus car je pensais que cette tristesse n’avait pas lieu d’être face à celle que vivait les proches des victimes. Mon cas était pourtant quelques peu similaire, bien que la violence de Victoria jouait également dans mon état.
Les membres de ma famille arrivèrent environ dix minutes plus tard… Peut être d’avantage… J’avais perdu toute notion du temps en m’enfermant dans mon mutisme. Je sentis que les bras de Jasper se fermèrent autour de moi et mes yeux se posèrent sur mon frère. Il avait le teint encore plus blanc qu’à l’accoutumé et ne quittait pas des yeux le tas de cendres qui s’était formé là où quelques instants auparavant un feu jaillissait.
- Tout cela est de ma faute, murmura-t-il tout en continuant de fixer le spectacle macabre qui s’offrait à ses yeux. Si je ne lui avais pas demandé de me suivre, il serait toujours parmi nous à l’heure qu’il est.
Tu sais très bien que même si tu avais refusé son aide, il t’aurait suivi, lui assurais-je. Le seul but de son existence était de venger la mémoire de son frère et c’est ce que tu lui as offert. Ne culpabilise pas Edward. C’est inutile.
J’avais conscience que mes paroles n’aideraient en rien mon frère mais j’avais besoin de le rassurer autant que j’en étais capable. Pendant de longues minutes, nous restâmes là, assis par terre, les bras de Jasper autour des miens et ma main posée dans celle de mon frère. Le temps semblait s’être arrêté et nous étions comme coupés du monde extérieur. Nous savions que nous aurions du mal à reprendre pieds dans la réalité après ce drame. Notre futur semblait pourtant de nouveau tout tracé… du moins en apparence. Je pensais que nous allions tout deux retourner à Clinton Creek et qu’Edward se joindrait à nous puisqu’il avait abandonné le but qu’il s’était fixé. Pourtant tel n’était pas le cas et même si Edward ne s’en rendait pas forcément compte, son destin le poussait dans une autre direction, non loin de l’endroit où nous nous trouvions actuellement.
Tu sais ce que j’entrevois Edward ? Tu vas retourner là bas, à Forks. En as-tu réellement conscience ?
- Je l’ignore Alice. J’ai besoin de la revoir comme si cela était vital pour moi. Cependant, je sais que si je l’aime vraiment, je dois résister à cette envie pour son bien. Je pense que je vais m’éloigner quelques temps. Je vais partir loin d’ici et seul afin de faire le point. Je ne pense pas que je résisterais très longtemps mais le temps que je gagnerai sera toujours bienvenue.
Pour la première fois de ma vie, j’ignorais complètement ce que le futur nous réservait. Mon pouvoir et mon instinct étaient d’une inefficacité troublante. Pourtant j’espérais sincèrement que notre retour à Forks serait imminent tant ma vie d’avant me manquait, ma maison me manquait, la vie de famille que nous avions là bas me manquait et ma meilleure amie me manquait encore plus que toutes ces choses réunies.

Orthographe : 2 et 2.5
Respect des consignes : 1 et 1
Respect de l'oeuvre et du theme : 4 et 4
Originalité : 6 et 6
Emotion : 3 et 4
Moyenne : 16 et 17.5
Total : 16.75
Commentaire Keedie : Les - : De rares fautes d’orthographes. Mais il y a des erreurs au niveau de la conjugaison. Tu dis par exemple je m’arrêta au lieu de je m’arrêtai. Ensuite je ne trouve pas que l’histoire soit assez centré sur Edward, ça aurait été mieux si Alice serait parti dans le groupe d’Edward parce que du coup c’est Alice qui est mise en avant.Les + : Il n’y a rien à redire au niveau de ta façon d’écrire. C’est très joli. J’ai beaucoup aimé. Ce que j’ai le plus apprécié c’est que ce soit bien accès sur la traque de Victoria. Qui est très importante dans la vie d’Edward après la rupture.
Commentaire Cinderella : Que dire de plus à part bravo… j'ai été super émue par ton histoire, elle est magnifique, j'adore le point de vue d'Alice, c'est très bien écrit, c'est touchant, c'est dynamique et original. J'ai aimé tes descriptions, j'ai tout aimé dans ton histoire. Mais il est vrai que pour le coup, le sujet étant la vie d'edward après la rupture, edward n'est pas assez présent, c'est lui qui aurait du être dans l'équipe d'Alice, ou alors elle aurait du plus décrir son avenir alors qu'ils n'étaient pas ensemble.

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